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Sécurité maximale - le miroir déformant
Le Monde libertaire n° 1801 - décembre 2018

Paul Malo est décidément un bel écrivain. Lorsque nous ouvrons son livre - Sécurité maximale - impossiblet de le refermer. Nous sommes tellement pris par le côté haletant de son récit que nous voulons poursuivre. Nous nous immergeons dans une aventure passionnante aux rebondissements multiples. L’auteur vivait au Canada. Arrêté pour meurtre, il est embarqué dans un parcours qui va durer treize ans et demi au sein de nombreux pénitenciers québécois. Cette histoire correspond aux deux premières années dans les quartiers de Haute Sécurité où fut incarcéré Paul Malo.

L’arrestation provoque un état de choc, et l’incarcération parachève l’anéantissement. Privé de liberté, Paul sombre dans un désespoir auquel s’ajoute une profonde culpabilité. Il a ôté la vie...

Mais la réalité de la prison ne lui laisse pas le temps de s’abîmer dans des états d’âme. La taule est un univers impitoyable. Paul comprend vite que, s’il veut survivre, il ne doit pas montrer le moindre signe de faiblesse. Il découvre comment, ceux qui sont faibles ou ne respectent pas les règles particulières des prisonniers se font massacrer.
Il constate aussi à quel point les surveillants - que les détenus canadiens appellent les screws - sont injustes et violents. Ils tabassent les détenus à tour de bras et de poings. Il apprend sans tarder à se faire respecter. Il évite tous les pièges, se présente comme un homme droit, réglo, sans peur et extrêmement réactif. Il intervient calmement, évite des bagarres, protège ses camarades des screws et ne provoque pas le moins du monde les gardiens.

Trois détenus sont prêts à s’entretuer ? Il confisque les armes et va les jeter sous le nez des surveillants. Il évite ainsi le pire à ses camarades qui lui en gardent une reconnaissance à vie.
Il nous faut aussi évoquer son histoire avec une marmotte. Issue d’une fratrie dont elle est la plus faible, il arrive à la nourrir à part, afin de lui donner des forces. Elle vient le rejoindre sous le grillage qui entoure la prison et finit par manger dans sa main au pied de sa cellule. Il est, hélas, un certain temps absent à cause de son procès. Ses voisins de cellule lui raconteront à son retour que le « marmotton » est venu l’attendre pendant des heures devant sa cellule...

Paul Malo est un homme extrêmement sensible et généreux. Il montre une grande solidarité envers ses codétenus et refuse, de ce fait, de participer aux bagarres qui se répètent sans cesse. Il écrit : « Il y avait tellement de violence autour de moi que je pensais devenir fou, je ne le supportais plus. » Certains potes lui disaient : « Tu es très gentil Jipi (son surnom), trop gentil, tu es trop sensible. » À la longue, il devient une référence dans les prisons. Il est surnommé le Français.

Dans son livre, Paul Malo nous brosse, avec un immense talent, le portrait de prisonniers hauts en couleur. Les jurons québécois sont savoureux et cocasses. Paul est aujourd’hui scénariste avec le réalisateur Alain-Michel Blanc et co-animateur de l’émission Ras-les Murs, sur Radio Libertaire.

Jacques Lesage de La Haye Émission Ras-les-Murs / Groupe Berneri